Le Piège à loup

LE PIÈGE À LOUP

«Un chat, un chien… c’est un coeur avec du poil autour. Ce qui me choque, ce sont toutes ces bêtes merveilleuses que l’on transforme en saucisson.» (Brigitte Bardot)

«Il n’y a que deux choses qui m’intéressent : les animaux et la politique» (Stéphane Roger)

Au moment où on écrit ce topo, des inondations massives sont en train de détruire Tbilissi, en Géorgie. La montée des eaux arrache tout sur son passage. Du zoo, démoli en quelques secondes, s’échappent les animaux vers une liberté de détresse et de panique. Les fauves et les zèbres, pas très bons nageurs, se noient instantanément dans les boues mouvantes. Les amphibies s’en tirent mieux, comme toujours, pour se retrouver hagards et paumés au milieu des routes.

Par contre, un ours semble avoir mieux analysé la situation et tente le tout pour le tout. Il est grimpé sur le bloc de climatisation d’un particulier, et frappe à la fenêtre pour qu’on lui porte secours.

— Ouvre ! La nature est de retour.

A l’intérieur, pas de réponse, on dirait.

Historiquement parlant, les animaux étaient là bien avant les êtres humains. Que faire de cette antériorité ? Quelque part, on a une dette vis-à-vis d’eux et de leur manière de nous avoir préparé le terrain. Si l’on peut être caricatural, on dira d’une bête que c’est soit de l’affection facile, soit de la terreur, soit de la bouffe. Mais surtout, c’est autre chose.

Le Piège à Loup est une fable-performance entre Daktari et Jean de La Fontaine. Mais ici, l’animal n’est plus ni blessé, ni hâbleur ; il est carrément mort. Alors que reste-t-il à dompter, au juste ? La chose.

Le dompteur ne voit pas qu’il est mort, il ne sent pas qu’ils est morts, mais il le sait très bien. Il montre à tous son savoir-faire pour se l’expliquer à lui-même.

Ce qui le ramène à fouetter les mythes, à grands coups et au hasard : le souvenir, la conjuration du sacrifice, les bouts de bon sens agglutinés dans la dépression, les romances rabâchées, la rigolade et le disco…

Le dompteur est dans le même état d’esprit que Dieu les jours précédant la Création, à se demander ce qu’il pouvait foutre avec seulement le Rien comme matière première.

Foutons la paix à Dieu et aux animaux.

La gueule posée dans la pâtée, la mort n’obéit pas.

Et le public a beau rire, je ne plaisante pas.

Le dompteur va tenter de dresser ses animaux, mais étant donné que ces derniers sont morts, il n’y arrive pas.

Alors, il se pose et fait le bilan sur le «n’importe quoi» et l’idée de «rentrer dedans». C’est sa façon de prendre soin du public.

Finalement, il s’éloigne, pour montrer qu’on peut sans doute aller plus loin. Il est comme un coucher de soleil à grosses tétines un peu braillard, et chante : «Vous disiez penser ne plus vouloir que quelqu’un souffre, Vous le pensiez vraiment ? / Vous disiez pensez ne plus vouloir que quelqu’un souffre, Vous le pensiez, dis donc ?»

Le Piège à Loup est une pièce courte de théâtre-garage en trois actes s’articulant autour de la triangulaire suivante :  La crise d’autorité , le For intérieur et l’Expression personnelle.

Stéphane Roger, seul sur le béton de la Ménagerie de verre au milieu de ses bêtes nourries à la viande, lance un défi à tous les détenteurs d’un «master en performance» (invention récente qui s’obtient, sans trop d’effort, dans n’importe quelle école d’art de Berlin).

Il est question des usages de l’ennui, du charme des limites, des limites de la mauvaise foi, des incohérences de la fainéantise et des rancunes de la représentation.

Conception Sophie Perez et Xavier Boussiron

Avec :
Stéphane Roger et Courtoisie (Xavier Boussiron, Marie-Perre Brébant, Julien Tiberi)

Textes : Sophie Perez et Xavier Boussiron
Scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron
Costumes : Sophie Perez et Corine Petitpierre
Musique : Xavier Boussiron
Régie générale / Lumière : Léo Garnier
Création son : Fabrice Maria
Régie plateau : Adrien Castillo
Réalisation sculptures : Dan Mestanza

Production Compagnie du Zerep coproduction La Ménagerie de verre, Paris

La Compagnie du Zerep reçoit le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, Ministère de la Culture et de la Communication.

Action financée par la Région Ile-de-France

Le piège à loup a été créé en novembre 2016 à La Ménagerie de verre Paris dans le cadre du festival Les Inaccoutumés