« Le théâtre et son double-fond  » est le premier livre entièrement consacré à l’œuvre de la Compagnie du Zerep, comprenant des textes critiques, thématiques, voire historiques, ainsi que des entretiens.

Le tout accompagné d’une très large iconographie des spectacles et performances, et de documents préparatoires (croquis, dessins, archives…).

Il s’agit de composer un corpus documentaire quasi exhaustif retraçant les vingt-cinq premières années d’existence et de création de la Compagnie du Zerep à travers la trentaine de pièces réalisées pour la scène, la performance, mais aussi l’exposition. Car une des particularités cruciales de travail du Zerep repose sur une relation extrêmement exigeante entretenue avec l’objet d’art. C’est sans doute pour cela que de nombreuses installations-scénographiques et objets ont été montrés dans les cadres d’expositions, ou se sont retrouvés dans des collections privées.

Les réalisations scéniques et installations du Zerep ont un caractère versatile, plus ou moins orthodoxe, à la limite d’être dans les règles du « hors-jeu ». Pour peu qu’il soit possible d’en faire la liste exhaustive, des notions récurrentes jalonnent les différentes créations : l’inquiétante singularité et le rire entré au chausse-pied, l’absurdité de la profondeur, les méprises sur la facilité, l’omniprésence de la peinture en tant que rapport à «la chose», la parole comme un folklore, la distinction entre la récupération, la reprise et l’adaptation, le relativisme de l’importance, les théorèmes de la négligence et les délicatesses du jusqu’au-boutisme, l’héritage sous toutes ses formes, le principe carnavalesque, les épouvantails que sont la concurrence et le succès, une certaine idée de l’envers du décor, les stratagèmes de parcs à thèmes, l’arme critique, les faux-pas de la fiction et le réel implacable, l’improvisation et le par-cœur, la distanciation énergique…

En résumé, le Zerep révèle un esprit et une force poétique (tendant à synthétiser et réconcilier le « bordel populaire » et le « monde des grande idées »), où chacun sait se reconnaitre dans un moment passager — le temps du spectacle — qui reste à vivre ; un moment un peu meilleur où le commentaire ne se substitue jamais ni à l’expérience, ni à l’humanité. Par boutade, on pourrait dire que la Compagnie du Zerep a inventé le théâtre pour ceux qui n’aiment pas le théâtre.

Cet ouvrage se veut faire découvrir et donner la vision approfondie d’une œuvre — d’une énergie stupéfiante, énigmatique et insoumise — qui interroge, depuis plus de vingt ans, les contradictions de l’art scénique en explorant ses ressorts les plus paradoxaux : là où la performance côtoie le théâtre classique, le mystère carnavalesque et la virtuosité académique, l’imperfection momentanée et l’énergie du vivant, le carcan du « par cœur » et la parole directe, l’art et la distraction.

Un ouvrage destiné au chercheur le plus exigeant comme au fan le plus invétéré.