Les chauves-souris du volcan est une fantaisie élégiaque, un conte cruel, une opérette aux tonalités dramatiques.

Dans une forêt de larves étincelantes, au milieu d’une clairière hantée, trois filles aux yeux immenses trainassent…

Elles vivent dans cette caverne molle et luminescente qu’elles ont façonnée à la force de leurs larmes. Si elles tentent de dire quelque chose, c’est en pleurant et on ne comprend strictement rien… Alors elles dansent en sanglotant, elles dressent des serpents géants, elles s’épuisent en redoutables cache-cache, elles conjurent le mauvais oeil, elles font les folles pour se consoler, quand se mettent à résonner les chansons d’amour.

Planqué dans les parages, zone un braconnier, maître de la capture, de la mauvaise foi et du cache-cache organisé. Et puis il y a aussi Mister Entertainment sorti de nulle part en se déplaçant toujours avec son orchestre, il en sait apparemment plus long que tous les autres, en ce qui concerne la douleur et l’art de vivre heureux.

Car l’économie maudite du chagrin d’amour déforme tout sur son passage. D’où une certaine impossibilité à garder le contrôle, l’incapacité à conserver la maitrise totale sur la vie, sur les sentiments, sur l’art et sur les autres. Dans les moments de troubles, Churchill disait être poursuivi par le « black dog », mais ne pourrait-on pas aussi dire avoir « les chauves-souris du volcan » ?