Enjambe Charles

ENJAMBE CHARLES

« Quand j’écoute Aznavour, j’ai l’impression d’être vieux…

– Ben moi, c’est quand je regarde une poterie… »

Plus personne ne parle ouvertement de poterie, « et pourtant, et pourtant » comme dirait Charles.

L’art de la poterie apparaît pour ceux qui l’auraient oublié comme un art majeur qui fût trop longtemps cantonné au rang des arts utilitaires. De véritables objets de transmission : vasques, jarres, vases, bols, signés et datés estampillés ou décorés, ça raconte de l’histoire. Des cruches grecques au ramequin Cyclope de Cocteau en passant par les porcelaines de la Pompadour, il semble que nous entrons dans un monde où l’archaïsme et l’authentique, la création et l’imitation se révèlent d’une manière indiscernable. Quand on pense que plus le trou est profond plus la matière monte, on peut alors envisager cette discipline comme un terrain d’expérimentation métaphysique et trivial.

Nous voilà donc dans un univers où cohabitent le meilleur et le pire, où les jugements de valeur et les logiques qu’ils impliquent, coexistent dans une rivalité insurmontable.L’authentique et le dérisoire se mêlent à tout et les codes enchevêtrés conduisent à s’interroger sur la réalité de cet imaginaire collectif qui charrie l’or et la boue.

Alors, que le meilleur gagne !

Arbitre désigné pour la partie : Louise Bourgeois. La vieille, l’acharnée, l’incontournable sculpteur. Depuis la mort de son mari, Louise Bourgeois reçoit chaque dimanche dans la pièce la plus sale de son hôtel particulier de Chelsea en plein cœur de New York. Une quinzaine d’artistes inconnus et volontaires viennent des quatre coins du monde lui rendre visite. Assis en rang d’oignons ils montrent tour à tour leurs productions, en attendant l’avis fatidique de la patronne.

Cette dernière accrochée à son déambulateur n’épargne personne. Il paraît même que certains artistes soient rentrés chez eux en pleurant, leur toile abstraite pliée en dix au fond d’un sac à dos.

Qu’en sera-t-il de son jugement absolu face aux poteries que nous réaliseront à Vallauris, ou devant la poupée de ventriloque à l’effigie de Charles Aznavour ?

Conception Sophie Perez et Xavier Boussiron

Avec :
Gilles Gaston-Dreyfus
Sophie Lenoir
Stéphane Roger
Françoise Klein

Textes : Jean-Yves Jouannais, Sophie Perez et Xavier Boussiron, Francis Picabia, Pier Paolo Pasolini
Scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron
Costumes : Sophie Perez et Corine Petitpierre
Musique : Xavier Boussiron
Régie générale/images : Laurent Friquet
Création lumière : Fabrice Combier
Création son : Sébastien Villeroy
Régie plateau : Anne Wagner dit Reinhardt
Réalisation décor : Dan Mestanza, Corine Petitpierre

Production Compagnie du Zerep coproduction Centre Pompidou – Les Spectacles Vivants Paris, Le Festin-Centre Dramatique National d’Auvergne, Le Manège-Scène Nationale de Maubeuge, Centre National de Création et de Diffusion Culturelles de Châteauvallon

Avec l’aide à la production dramatique de la Drac-Ile-de-France – Ministère de la Culture et le soutien du Centre national de danse contemporaine Angers

Enjambe Charles a été créé en janvier 2006 au Festin Centre Dramatique National d’Auvergne, Montluçon