Purge Baby Purge

PURGE BABY PURGE

Feydeau, avec la maitrise et la netteté comique qui sont sa griffe caractéristique, est l’inventeur d’un riff imparable ; ce riff, c’est un « théâtre de la pulsion » mariant frénésie, crise brutale et de névroses clownesques.

Il poussera le vaudeville dans ses ultimes retranchements jusqu’à son anéantissement.

Par la suite, il ne restera que le Boulevard qui, comme le souligne Violaine Heyraud, en est la version édulcorée « plus propice à l’analyse des sentiments et à l’élaboration ralentie d’une morale souriante ».

« On purge Bébé » est probablement la pièce la plus insolite que Feydeau ait jamais écrite. Derrière l’alibi scatologique bon-enfant et la radinerie psychologique qui gangrène l’esprit de famille, on sent que plane une noirceur diffuse.

Au fond, ce n’est peut-être pas si drôle.

Donc :
— L’ écroulement d’ un genre sur lui-même.
— Le théâtre de la pulsion, cette forme où le langage est défié dans ses capacités et ses tentatives d’ explication.
— Le retour de la psychologie des personnages.
— L’habitude de croire une chose drôle, alors qu’elle ne l’est pas.

Un père, fabricant de pots de chambre en porcelaine, cherche à faire fructifier sa petite entreprise.

Sa femme se promène en négligé dans toute la maison son seau à la main — seau qui renferme ses humeurs de nuit à peine refroidies. Avec une perfidie exaspérante qui jamais ne fléchit, elle s’en prend sporadiquement à son mari ; le moindre prétexte lui donne l’occasion de faire la démonstration de son indiscutable raison. Mais la cause de ses emportements finit par remonter à la surface. L’angoisse est précise : le gosse a beau pousser tant qu’il peut, il garde tout. Rien ne sort. Donc, sa Mater Dolorosa est en pleine crise : elle a le blues de la constipation.

Un sortilège étrange semble s’être abattu sur les trois membres de cette famille. Leur existence plafonne au stade anal. Ce qui s’avère être plutôt légitime pour le petit garçon ; mais complètement incohérent de la part des parents.

Tous trois s’expriment mal, dans une atmosphère psychique dont émane une exagération permanente. Comme par plaisir, les chapelets d’allusions, les procès personnels, les coups tordus, les injures et les engueulades refoulent, braillent et, définitivement, s’embourbent.

A trop faire le tour du pot, c’est le tour d’écrou qui se resserre sur les insatisfactions stupides de ce petit monde semi-bourgeois où chacun garde toujours un oeil, grave et précautionneux, sur son trou de balle. Les parents sont obsédés par le contenant, alors que l’enfant-roi capitalise affectivement en ne lâchant rien du contenu.

La fermeté n’est qu’apparente, et la pudeur pervertie. La vanité l’emporte. Le for intérieur reste au point mort.

La petite bouchée coincée dans le derrière du trop gâté Toto incarne le cartouche caché, la matière noire symbolique en mal d’expansion.

D’ailleurs Toto, c’est le diminutif d’Hervé.

Conception Sophie Perez et Xavier Boussiron

Avec :
Gilles Gaston-Dreyfus
Sophie Lenoir
Tom Pézier
Marlène Saldana
Stéphane Roger

Textes : Georges Feydeau, Sophie Perez et Xavier Boussiron
Scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron
Costumes : Sophie Perez et Corine Petitpierre
Musique : Xavier Boussiron
Régie générale : Léo Garnier
Création lumière : Fabrice Combier
Création son : Félix Perdreau
Régie Lumière : Gildas Roudaut
Régie plateau : Adrien Castillo
Réalisation décor : les Ateliers de Nanterre-Amandiers
Réalisation costumes : Corine Petitpierre et Anne Tesson
Administration : Julie Pagnier

Production Compagnie du Zerep coproduction Nanterre-Amandiers, centre dramatique national, Les Nouvelles Subsistances Lyon, La Criée Théâtre national de Marseille, Théâtre Saint-Gervais Genève, Malraux scène nationale Chambéry Savoie, Le Quai CDN Angers Pays de la Loire.

La Compagnie du Zerep reçoit le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, Ministère de la Culture et de la Communication.

Action financée par la Région Ile-de-France

Purge, Baby, Purge a été créé en octobre 2018 aux Subsistances, Lyon