PRÉLUDE À L'AGONIE
«Dorénavant, le rapport littéral au mythe est toujours entaché de kitsch, puisque le sang et les larmes ne réveillent plus les dieux. Traiter cette matière avec gravité, avec esprit de sérieux, c’est admettre son impuissance à réveiller la grandeur de l’existence mythique. La parodie, elle, par contre, garde la trace du mythe qu’elle raille; et peut-être même son efficacité, voire une partie de sa promesse.» (Pacôme Thiellement)
Dans Prélude à l’agonie, il sera question de conquête et donc du western. La plupart de nos papas adoraient les westerns, car quand ils étaient devant la télé ils avaient l’impression d’avoir de grosses couilles. Mais avant d’entrer dans le détail, écoutons Sergio Leone à qui on demandait si il aimait quand même le western :
«Pas tellement…
comme nous.
«… Par le biais de Goldoni, j’avais l’intention de travailler sur le jeu des masques, histoire d’abîmer le genre comme je l’avais fait pour le péplum…
comme nous.
«… Mais il fut très difficile de trouver le financement…
comme nous.
«... Il me fallait peu : 120 millions de lires à cette époque. Je n’arrivais pas à obtenir de part italienne. J’avais imaginé le scénario en cinq jours…
comme nous.
«... dans tout Rome les producteurs pensaient que j’étais fou. Quand le film devint un succès il changeaient d’opinions…
Si l’on parle de conquête, cela implique inévitablement le folklore de la guerre et légendarisation des origines. D’ailleurs, la conquête est la petite sœur de la guerre. Chaque conquête est pavée de mauvaises intentions, et ses motifs ne sont jamais clairs. A part un seul : la survie.
Surveillés par un vautour, trois acteurs lilliputiens jouent une pièce de Courteline dans un décor à leur échelle. La bête souffle du bec. Pour eux, interdiction de croiser le regard de l’oiseau sous peine de se faire crever les yeux. Sale ambiance pour une petite pièce bourgeoise à tendance comique qui traite de la bassesse crapoteuse de la classe moyenne fin de siècle. Ce petit décor d’époque — ambiance 1900 oblige, repère idéal pour les vacheries de Courteline, n’est qu’un entre-sort, une baraque foraine.
Et là où il y a de la vacherie, les cow-boys ne sont jamais loin.
Une fois le mur du fond défoncé, par le trou, le point de vue s’ouvre sur le vide du far-west.
A partir de là, normalement, on aura des danseuses de saloons.
Il y aura des scènes de lasso.
Il y a aura des baquets en planche qui servent de baignoire.
Il y aura Temple Gradin (autiste à l’origine de la modernisation des abattoirs industriel) et Marta Becket (patronne de l’Amargosa Opera House) seront des personnages féminins déterminants de l’intrigue.
Normalement, elle seront rejointes par Barnum et Tod Browning.
Il y aura des mecs pleins de sanglots qui crèvent de solitude,
Il y aura des duels,
Il y aura des tempêtes,
Il y aura des femmes qui ne se laissent pas faire,
Il y aura des tueurs à gages pas très physionomiste,
Il y aura des grandes scènes d’amour et de réconciliation,
Il y aura un enfant qui boit du lait au pie d’une vieille vache malade,
Il y aura deux monologues,
Il y aura un poteau de torture,
Il y aura des torchons plein de chili con carne,
Il y aura des textes de Pacôme Thiellement, de Fassbinder, de Thomas Bernhart, de Dolly Parton,
Normalement, il y aura un dialogue très moderne près d’un abreuvoir,
Il y aura du vrai feu,
Il y aura un suicide final comme dans La Mouette.
Normalement, on devrait répéter treize semaines.
Normalement, on devrait être terrassé par l’émotion et l’incompréhension.
Normalement, Prélude à l’agonie sera une fresque noire et philosophique.
Normalement, on fera le contraire de toutes les idées que l’on a aujourd’hui.
Conception Sophie Perez et Xavier Boussiron
Avec :
Gilles Gaston-Dreyfus
Christophe Fluder
Danièle Hugues
Françoise Klein
Sophie Lenoir
Jean-Luc Orofino
Marlène Saldana
Stéphane Roger
Xavier Boussiron
Marie-Pierre Brébant
Laurence Lang
Agnieszka Szwedowska
Textes : Sophie Perez et Xavier Boussiron, Pacôme Thiellement
Scénographie : Sophie Perez et Xavier Boussiron
Costumes : Sophie Perez et Corine Petitpierre
Musique : Xavier Boussiron
Régie générale/images : Laurent Friquet
Création lumière : Fabrice Combier
Création son : Félix Perdreau
Régie lumière : Gildas Roudaut
Régie plateau : Camille Rosa
Réalisation décor : François Maréchal, Plastilex
Réalisation sculptures : Dan Mestanza
Réalisation costumes : Corine Petitpierre et Anne Tesson
Administration : Julie Pagnier
Production Compagnie du Zerep coproduction Nouveau Théâtre d’Angers, Théâtre du Rond-Point Paris, Les Subsistances 2012/2013 Lyon, Scène Nationale d’Orléans / théâtre d’Orléans, Centre de Développement Chorégraphique Toulouse / Midi-Pyrénées
Avec le soutien du Théâtre de Gennevilliers et le Centre national de danse contemporaine Angers.
La Compagnie du Zerep reçoit le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, Ministère de la Culture et de la Communication.
Action financée par la Région Ile-de-France.
Prélude à l’agonie a été créé en juin 2013 aux Subsistances, Lyon